EDUCATION DE PRINCE

La Silistrie, petit État des Balkans, situé quelque part du côté de la mer Noire, est le théâtre de révolutions permanentes : la dix-septième vient d'avoir lieu, portant au pouvoir, à la suite d'un putsch, le général Braoulitch. Ce qui ne fait pas l'affaire du financier parisien Chautard, qui détient des mines d'or dans le pays et se voit obligé de traiter avec un gouvernement après l'autre.

Son chargé d'affaires vient justement quémander de l'argent de la part du nouveau régime. Le banquier s'exécute de mauvaise grâce, en se promettant de mettre de l'ordre par l'instauration en Silistrie d'une monarchie constitutionnelle. L'occasion lui en est fournie par la présence dans la capitale de la reine Sophie de Silistrie, exilée avec son fils, le prince Sacha, et son grand chambellan.

Pour mettre son projet à exécution, Chautard fait appel à l'élégant et cynique René Cercleux, qui a ses entrées dans le Gotha. Il jouera le Monsieur Bons-Offices. Ce dernier se rend chez la reine et lui propose de rétablir sur le trône son fils, qui vit chichement à ses côtés. Pour cela, il va falloir parfaire l'éducation du jeune homme, grâce à de confortables subsides déboursés par Chautard.

L'affaire semble bien engagée, et Cercleux installe la famille royale dans un lieu digne de son rang : ce sera l'hôtel Ritz, qui va devenir le Q.G. de la future cour silistrienne. Mais le petit prince renâcle : on veut le lancer dans le monde en compagnie d'une intrigante, Gisèle Beryl, alors qu'il est amoureux d'une étudiante sans fortune, Marianne Honorat. Il refuse de quitter celle-ci pour retourner dans son pays.

Tout s'arrangera cependant, grâce à l'habileté de Cercleux, qui a convaincu Braoulitch d'accepter un poste de premier ministre dans une royauté bien assise. Et l'on prépare le retour en grande pompe du prince Sacha, qui sera nommé roi de Silistrie sous le nom d'Alexandre IV, et qui grâce à une combinaison extravagante de son mentor, pourra épouser l'adorable Marianne et en faire une jeune reine très estimée de son peuple.